Le travail d'insertion menacé par la répression

Publié le par Olga Trostiansky

Les centres sociaux parisiens sont inquiets : ils craignent que le projet de loi relatif à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile qui vient d’être voté par le Sénat, malgré l’opposition des élu-es de gauche, ait pour conséquence d’ « accentuer la précarité, la fragilité des habitants de nos quartiers et aggraver des situations que les centres sociaux vivent au quotidien aux côtés des familles, des jeunes, en les accompagnant dans la maîtrise de ce qui constitue la citoyenneté civile et sociale ».

Déjà cet été, j’ai été alertée sur l’opération de contrôle et de tri des passagers d’un autocar lors d’une sortie à la mer organisée par un centre social du 10e arrondissement de Paris. Je n’ignore pas les conséquences de cet incident très grave sur le fonctionnement même des centres sociaux, dont le travail d’accompagnement des familles en difficulté, fondé sur la confiance, est ainsi mis à mal.

J’ai donc écrit au Préfet de Police, en tant qu’élue du 10e, en tant qu’adjointe au Maire de Paris chargée des familles, pour lui demander de prendre en considération l’indispensable mission accomplie par les centres sociaux pour favoriser l’intégration de populations en lutte avec les difficultés du quotidien.

Les travailleurs sociaux ne peuvent se passer de la confiance de leurs usagers pour remplir cette mission ; je partage leur crainte que les dispositions induites par le projet de loi brise le lien qu’ils tissent patiemment entre la République et ces familles. Comment convaincre des familles apeurées de fréquenter les activités des centres sociaux, propices à la création de liens, à la mise en mise en place d’une démarche d’insertion, quand plane le risque d’un contrôle d’identité inopiné ?

Plus que jamais, restons vigilants, restons mobilisés aux côtés des associations pour protéger les familles sans-papiers.
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P
Je soutiens le travail des Centres Sociaux et je te remercie de ta démarche républicaine auprès de la préfecture de Police. Ce qui se joue ici est tout simplement une grave régression sociale et le déni des droits fontamentaux des plus fragiles à être secourus, accompagnés et soutenus dans leur vie quotidienne. Comment les associations pourront continuer à exercer leur mission, financée par l'état et les collectivités, si elle deviennent le lieu de réprobation et de suspicion de la force publique ? Il y a un temps pour tout et un espace différent pour l'exercice de la contrainte policière et celui du tissage délicat des liens de la citoyenneté, de l'insertion et de l'éducation. Ne mélangeons pas les genres, ou bien nos traditions d'accueil et de compassion seront bafouées comme aux pires heures...En soutenant la démarche des travailleurs sociaux, nous construisons un avenir plus généreux, plus égalitaire et donc plus sûr. Paul Richardet
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